Extraits de l’interview du prix Nobel de Médecine, Thomas Südhof, ancien élève Steiner-Waldorf

(c) Thomas Südhof Stanford Medecine
(c) Thomas Südhof Stanford Medecine

De la Musique au Prix Nobel

En 2013, l’américano-allemang Thomas Südhof ancien élève Steiner-Waldorf a reçu le prix Lasker pour la recherche médicale fondamentale ainsi que le prix Nobel de Physiologie ou Médecine. En 2012, il recevait le prix Kavli en neuroscience. Il enseigne actuellement au Department of Molecular and Cellular Physiology à l’université de Stanford en Californie.

Dans une interview donnée à The Double Reed, il indique notamment qu’il doit tout à son professeur de Basson.

"Je dois tout à mon professeur de basson"

Voici ci-dessous quelques extraits (traduit de l’anglais) de l’interview


Ryan Romine (RR)
: Dans les commentaires que vous avez faits dans The Lancet en 2010 et d’autres récemment publiés par Norman Lebrecht de Slipped Disc, vous avez crédité votre professeur de basson de vous enseigner des compétences précieuses pour votre carrière. Pouvez-vous développer ces commentaires antérieurs sur votre formation musicale et son impact sur vos compétences en recherche ?

Thomas Südhof : Les qualités que j’ai apprises de ma formation en musique classique, en particulier dans le basson, sont multiples et variées. Permettez-moi d’en citer quelques-unes. Tout d’abord, la valeur de l’étude disciplinée, l’apprentissage répétitif, pour la créativité. Vous ne pouvez pas être créatif sur un basson si vous ne le connaissez pas parfaitement, et vous ne pouvez pas être créatif en science si vous n’avez pas une connaissance approfondie des détails. Deuxièmement, la valeur du d’un encadrement de qualité. Un bon professeur défie et critique, mais ne vous punit pas ou ne rabaisse pas un étudiant, quoi qu’il arrive. Troisièmement, le rôle de la performance dans une profession. En tant que musicien, vous pratiquez pendant des milliers d’heures pour jouer pendant quelques minutes, mais quand vous jouez, vous devez non seulement récapituler ce que vous avez appris, vous devez aussi le développer et le communiquer au public. En science, c’est exactement la même chose : au final, il s’agit d’un processus qui dépend de la communication avec le public et de  de l’adaptation à ses critiques et commentaires. Enfin, j’ai appris à valoriser les traditions musicales, mais en même temps l’importance d’essayer de transcender la tradition. La tradition est la base qui vous permet de progresser, le point de départ, mais il ne doit pas devenir une limitation, car alors il n’y aurait plus de créativité et de progrès dans la musique et dans la science.

RR : Croyez-vous que l’art et la science servent des objectifs semblables?

Thomas Südhof : Bien sûr – de différentes manières. Ils transcendent essentiellement le moment, et fournissent un aperçu des vérités, bien que dans différentes sortes d’expériences.

RR : Croyez-vous que l’envie et la pulsion artistique et scientifique viennent du même endroit?

Thomas Südhof : Oui et non. Je pense qu’un artiste ne peut pas fonctionner avec des actions planifiées explicites, mais doit développer des actions subconscientes, alors que pour un scientifique c’est l’inverse. Cependant, les deux sont conduits par la même appréciation d’une vraie satisfaction [content] indépendante de la mode.

RR : Au cours des dernières années, le système éducatif américain a investi massivement dans des matières STEM (Science, Technologie, Ingénierie, Mathématiques) qui mettent l’accent sur votre domaine professionnel. Pourtant, vos déclarations publiées antérieurement accordent une grande valeur à la formation artistique. Voyez-vous une façon d’intégrer ces deux idéaux apparemment très différents?

Thomas Südhof : Personnellement, je pense que la formation dans les arts prépare un enfant grandissant aussi bien pour une carrière scientifique ou technique que pour une formation dans des matières STEM, sinon mieux, parce que les arts forment une personne dans la discipline, l’action indépendante, la pensée et le besoin d’attention aux détails sans devenir prisonnier de ce détail. Je ne pense absolument pas qu’il y ait un besoin de formation mathématique plus tôt – il n’y a qu’un besoin de former l’esprit afin qu’il devienne fertile pour l’apprentissage futur.

Extraits de l’interview du prix Nobel de Médecine, Thomas Südhof, ancien élève Steiner-Waldorf

Interview complète (en anglais) : From Bassoonist to Nobel Laureate: An Interview with Thomas Südhof

(Fichier PDF)

Article rédigé par un collectif de l’école Perceval
Mis en ligne le 16 Décembre 2016

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